Le mythe de la girlboss | Podcast Va te faire voir par Julie Rochon

Le concept de la « girlboss » est super populaire. Il projette un idéal d’empowerment qui est utilisé par plusieurs entrepreneures (supposément) à succès pour rallier leur communauté et promouvoir leurs offres. Mais est-ce que c’est toujours bien intentionné?

C’est suite à la lecture d’un article sur le site d’Urbania (et sans vouloir mettre tout le monde dans le même panier) que j’ai eu envie de questionner le concept de « girlboss », de « queen » ou autres. Est-ce que ces termes sont réellement utilisés dans l’objectif d’aider les femmes à s’élever et à atteindre de grands objectifs ou si c’est simplement pour rallier les foules et briller à l’avant-scène?

Je parle aussi des fameux gourous (qui sont différents pour chacun) qui font la promotion d’une vie de rêve (pour qui?), de la facilité, du succès financier. Être inspirées par ces personnes qui vendent du rêve, c’est bien, mais est-ce que ça aide réellement à accéder à ce qu’elles ont? En fait, est-ce que c’est même possible? 

Une coach bien-être américaine ultra populaire a affirmé publiquement que si sa vie était accessible pour la plupart des gens, c’est qu’elle faisait quelque chose de mauvais. Et on adule ce type de personnes? 

Et si on arrivait plutôt à prendre du recul par rapport aux gens qu’on suit sur les réseaux sociaux. Si on arrêtait de prendre pour du cash tout ce qu’on nous dit et à plutôt nous concentrer sur ce qui nous fait du bien pour vrai, sur ce qui nous fait réellement avancer?

TRANSCRIPTION DE L’ÉPISODE

Salut tout le monde, j’espère que vous allez bien! Là, il faut qu’on se parle. Ça fait des semaines, des mois, des années que je retiens ça, que j’en discute en privé avec mes clientes très souvent. Le fameux statut de girlboss, qui fait rêver. Il y en a au Québec, mais il y en a encore plus aux États-Unis. Quand je parle de girlboss, souvent, on va voir des personnes qui ont vraiment de la drive, qui sont à l’avant-scène, souvent qui vont nous vanter les mérites des six, sept chiffres, vont utiliser des termes comme girl, girlboss, queen, etc. Je ne dis pas que c’est mauvais. Je ne dis pas que tout le monde est comme ce que je vais vous partager, mais il y a certaines personnes, puis je pense beaucoup aux modèles américains pendant que je parle, je ne vise pas nécessairement quelqu’un au Québec, mais il y a vraiment une vente de rêve, comme si c’était la chose à être : une girlboss. Dans notre discussion dans le Mastermind « Positionne-toi comme une pro », une de mes clientes qui m’a partagé un article qui s’appelle Le mythe impossible de la girlboss, qui a été écrit par Malia Kounkou. C’était en juillet 2022 sur le site web d’Urbania. Je vais mettre le lien dans les shownotes.

 

La promotion de l’empowerment féminin… really?

Il y a beaucoup de choses qui m’ont frappée. Je pourrais juste lire l’article complet, mais je vais vous laisser aller le lire. Je vais juste aller chercher quelques informations, dont une qui m’a vraiment choquée, même si je le savais. Dans le fond, c’est qu’on disait que le girlbossing est arrivé un peu comme une nouvelle religion en 2014. C’est comme si la girlboss était capable de s’imposer puis de réussir dans un monde d’hommes, qu’elle réussissait tout ce qu’elle commençait. Bref, c’était vraiment très hot. Après ça, on s’est demandé « Est-ce que ce n’est pas contradictoire dans un monde où les femmes veulent démontrer qu’elles sont égales à l’homme, de toujours mettre le mot « girl » devant un « boss » puis là, la personne qui écrit l’article demande « Avez-vous déjà entendu un travailleur être qualifié de « boy boss »? » « Non, parce que le pouvoir habituellement, il est aux hommes dans le milieu du travail. » La femme, elle, va toujours être beaucoup plus douce et plus conciliante.

Dans le fond, ce qu’elle dit, c’est qu’il y a dans le fait d’ajouter « girl » ou d’un « female » devant un poste de haut rang, c’est comme un réflexe de fausse modestie, voire d’abrutissement intentionnel pour le bien de l’autre. J’ai trouvé ça tellement intéressant que quelqu’un qui a un certain pouvoir va devenir soudainement dangereuse. Mais là, ce qu’il disait, c’est que quand on a des ambitions sérieuses, on va le mettre dans du joli papier d’emballage rose en mettant le mot « girl » devant pour rendre ça plus doux, pour moins prendre sa place. Là, il y a quelque chose dans l’article qui m’a vraiment frappée. Elle dit « La Girlboss n’a jamais été faite pour être imitée. Elle-même ne souhaite qu’être admirée de loin. » Je me suis dit « Wow! À quel point les gens qu’on suit sur les médias sociaux, qu’on admire, qu’on se dit « J’aimerais ça être comme cette personne là. Moi, j’aimerais faire comme elle. Elle est tellement proche des gens, je la sens accessible et tout ça. » Parce que c’est une girlboss. » « Wow! C’est cool. » Après ça, ils ont mis une citation d’une coach bien-être américaine qui s’appelle Rachel Hollis.

Bref, c’est une des Américaines qu’on voit partout avec un modèle d’affaires très américain. Elle même a dit, et ça, ça me fait capoter. Je ne peux pas croire que les gens pensent ça. Moi, ça me tue sérieusement. Si tu écoutes ça, puis tu fais comme « Oui, la personne a raison. » Je suis comme « Wow! À quel point tu es imbue de toi même? » Rachel Hollis a dit « Si ma vie est accessible pour la plupart des gens, c’est que je fais quelque chose de mauvais. Moi, ça me fait capoter. Je ne dis pas pour vous autres, mais je vais vous rélire la phrase. Si ma vie est accessible pour la plupart des gens, c’est que je fais quelque chose de mauvais.

Moi, dans mon idée, c’est comment il y a un clash entre ce qu’on démontre, le côté dont « friendly » puis « oui, viens me parler, fais ci, fais ça, puis je vais t’aider ». Dans le fond, la seule affaire, c’est que les gens veulent rester au top. Je trouve ça tellement ordinaire. Est-ce que ça a un rapport avec le terme girl ou pas? C’est le fait d’être en situation de pouvoir ou en situation où tous les yeux sont tournés vers nous, de ne pas être en mesure de dire « Sincèrement, j’espère que vous allez réussir à vivre ce que je vis. »

 

Aider pour le bien-être des gens ou pour mieux vendre?

Non. Elle dit que si sa vie est accessible pour la plupart des gens, c’est qu’elle a fait quelque chose de mauvais. Sérieusement, ça me tue. Ça veut dire que l’espèce de mouvement d’empowerment qu’on voit puis qu’on entend donc, c’est que la… Non, je ne peux pas dire que c’est la majorité, mais à quel point il y a des gens qui promouvoient l’empowerment féminin, puis qu’au final, ils ne veulent pas ça. Ils veulent eux-mêmes se remonter, ils veulent être au top, ils veulent avoir du succès, de l’argent, être admirés, mais ils ne veulent pas du tout aider les gens à atteindre ça. Je pense que c’est vraiment dans notre mentalité. J’avais à un moment donné une cliente qui faisait quelque chose de très similaire à moi. Puis la personne s’est mise à mieux réussir que moi. J’ai quelqu’un qui m’a demandé autour de moi « Tu as donné tous tes trucs, tu ne regrettes pas de l’avoir aidée? Aujourd’hui, regarde ce qu’elle est devenue, qu’est-ce qu’elle fait, elle s’est vraiment démarquée.. » Je suis comme « Non. » Parce que moi, ma job, c’est de faire la courte échelle aux gens, peu importe dans quel domaine ils sont, même s’ils sont dans mon domaine.

Donc, si moi je fais la courte échelle à quelqu’un, c’est pour l’aider à… J’allais dire à s’envoler. C’est pas tant ça, mais c’est pour l’aider à monter d’une marche. Après, si la personne me dépasse, c’est que j’ai vraiment bien fait mon travail. Je lui ai donné tous les outils qu’elle avait besoin. Est-ce que ça diminue ce que moi je suis? Pantoute. En fait, c’est que ça fait même le contraire, c’est que ça me motive à trouver encore plus des façons de me démarquer, puis de faire les choses autrement. Donc, ça me dépasse qu’il y ait des gens qui disent vouloir aider, puis sous la gouverne, sous le statut de girlboss, « Yeah, je suis là pour t’aider », puis très friendly, mais qu’au final, c’est pas vrai. Toutes ces personnes qu’on regarde, qu’on adule, qu’on met sur un piédestal, puis qui nous vantent plein d’affaires, que c’est facile de faire de l’argent en dormant. On va faire… Oui, tout le monde peut faire dans les six chiffres, dans les sept chiffres. D’ailleurs, si vous pensez que c’est possible pour tout le monde, je vous invite à écouter l’épisode de podcast que j’ai enregistré avec Helene-Sara Becotte, où on parle justement des calculs qui font en sorte que c’est peut-être pas pour tout le monde, les six et sept chiffres.

C’est pas ça. C’est pas nécessairement le rêve de tout le monde. Je pense qu’il faut arrêter de généraliser et de se dire « On n’a pas réussi si on gagne pas 10 000 $ par mois, donc si on fait pas 100 000 $ par année, on est de la merde. » C’est à quel point on s’est fait brainwasher, puis qu’on continue de se faire brainwasher parce qu’on suit des personnes qui réussissent, oui, mais à quel prix? Est-ce que moi, je voudrais réussir de cette façon là? Je pense que ça flatte l’ego, mais concrètement, moi, avec ma propre personnalité, je serais pas capable de le faire. Je serais pas capable d’être comme ça. Puis là, je pense à Marie Forleo, je doute pas qu’elle soit vraiment accessible. On dirait moi dans ma tête, s’il y en a une qui est pas croche, je vais dire ça de même, c’est elle. Je la sens authentique, mais en même temps, qui l’est vraiment? On montre ce qu’on veut, on montre aussi ce que les autres veulent voir. Je pense qu’il y a une différence entre inspirer les autres de façon naturelle, juste parce qu’on est portés à partager, puis se dire « Je dois inspirer les gens », parce que si j’inspire les gens, ça va les porter à acheter mon programme, mon membership, ma formation, mes gros services High Ticket, mes ci, mes ça.

 

Accessibilité : la nouvelle tactique en vogue

Mais est-ce que c’est vraiment de ça que les gens ont besoin? Est-ce qu’on nous vend plutôt… Es-ce que plutôt on achète le rêve de devenir comme ces personnes là? Regardez, il y a des gens au Québec que je suis, puis que je sais exactement ce qu’ils veulent. Ok, comme elle, elle veut être la Marie Forleo du Québec ou elle, elle veut être telle autre. Donc on le voit. Je ne peux pas croire que les gens n’allument pas. Je ne vise personne, mais les gens n’allument pas sur le fait que de calquer peut-être le mouvement américain, l’espèce d’ambiance pourrite qui est en train de se créer, je trouve, dans l’entrepreneuriat web. Je sais que c’est gros, qu’est-ce que je dis, mais je sens qu’il y a de moins en moins de simplicité. On nous vend la simplicité, mais au final, ça ne l’est pas du tout. Est-ce qu’on nous vend du rêve? On nous vend du rêve souvent, puis on est prêt à l’acheter parce que c’est le fun de croire que c’est possible. Mais je reviens à ce que Rachel Hollis a dit, est-ce que les gens qui nous vendent du rêve nous aident réellement à l’atteindre, cet idéal qu’ils nous montrent sur les réseaux sociaux?

Ou est-ce que c’est juste un prétexte pour attirer un maximum de gens, puis faire dire comme « ensemble, on est plus forts, on est des femmes, on est… »? Yeah, empowerment. Yeah. Mais au final, est-ce que c’est vraiment ça ou ça fait juste flatter l’ego de la personne qui est au top de cette espèce de pyramide? Sur quoi on devrait se concentrer plutôt? Est-ce que je suis en train de dire d’arrêter de suivre n’importe qui parle de girlboss, de queen aux États-Unis, ceux qu’on suit sans réfléchir et qu’on achète tout ce qu’ils ont? Est-ce qu’on pourrait juste prendre le temps de s’arrêter puis de réfléchir à « Est-ce que ce qu’elle dit, je le prends pour du cash » sans réfléchir? Je ne me pose aucune question sur ce que, exemple, Mel Robbins dit, qui est une coach mindset / bien-être, « Est-ce que tout ce que Mel Robbins dit (c’est un exemple parmi tant d’autres), je l’applique à moi? Est-ce que tout ce que cette personne va dire s’applique à moi? Est-ce que tout ce que Rachel Hollis va dire s’applique à moi? Est-ce que tout ce que Marie Forleo ou peu importe, est-ce que je suis obligée de tout utiliser ou est-ce que je peux apprendre à me détacher de ce que j’entends, à prendre l’information qui me convient, puis le reste, à l’oublier?

Moi, je dis souvent que si dans une publication, ou même dans une formation ou dans autre chose, s’il y a une information que je suis allée chercher, qui est pertinente, qui est intéressante, c’est parfait. Le reste, oui, j’ai payé pour tout le reste, mais j’ai appris quelque chose ou j’ai implanté quelque chose. J’ai envie de te demander comment est-ce que tu pourrais rendre ton quotidien plus simple en étant toi-même, en jouant pas nécessairement la carte du… Je viens de faire le mouvement comme si je me tasse les cheveux, comme s’il y avait du vent derrière l’épaule. Mais est-ce qu’on est obligé d’être fraîches? C’est sûr, s’il y a des Français, ils vont pas comprendre, mais d’être un peu… Je suis pas snob, mais je trouve qu’il y a beaucoup de gens qui ont de l’air trop imbus d’eux mêmes, puis qui essaient de passer ça par de l’accessibilité, puis le côté friendly, alors que dans les faits, les gens se parlent et on sait ce qui se passe, mais plusieurs personnes décident de se fermer les yeux parce qu’ils sont donc obnubilés par ce que cette personne a dit, ce que cette personne a fait.

 

Réussir sans être étiquetée girlboss, queen, lady ou autre

Est-ce que toi, t’es une girlboss? Tu peux le dire, t’as le droit de le dire. Je ne suis pas en train de dire que personne n’a le droit de s’appeler girl, queen et compagnie, mais je pense qu’il faut juste faire la part des choses entre le fait qu’on incarne une posture de girlboss dans le genre « j’ai confiance en moi, je suis capable de tout faire », on est comme « yeah », mais que ce soit pas nécessairement ça qui nous définisse. J’aimerais ça vous entendre là-dessus. Peut-être que vous allez être d’accord. Peut-être que vous serez pas d’accord avec ce que j’ai dit. Peut-être que ça fait juste pas de sens non plus, mais ce n’est pas grave. J’ai ressenti le besoin d’en parler. Mais je pense que les femmes peuvent prendre leur place dans le monde entrepreneurial sans nécessairement utiliser des termes comme ça ou sans essayer de la jouer très gros, puis très « wow, c’est inspirant », puis « check mon mode de vie », puis « wow ». Si on enlevait le « wow, wow, wow » au final, concrètement, cette personne, c’est qui? Elle fait quoi? Comment elle peut m’aider? Ou est ce que c’est juste un spectacle qui est en train de m’être offert, puis j’assiste à ça, puis j’accepte d’être spectateur de ça? »

Je pense qu’il y a une réflexion peut-être à avoir, puis prendre le temps de regarder qui on suit, puis qui nous fait sentir comme la merde aussi, parce que probablement qu’il y a certaines de ces personnes, Québec, France, États Unis, peu importe, qui, quand vous les voyez passer, vous font vous remettre en question, vous font douter, vous font vous sentir comme « je suis déprimée parce que moi, j’ai pas ça, je gagne pas ça, pourquoi ça a l’air si facile pour elle? » L’affaire, c’est qu’on connaît pas la vraie réalité de ces personnes là. J’ai le goût de dire aussi que ces personnes là, ça a l’air facile, mais elles ont souvent des équipes avec elles, donc elles ne sont pas toutes seules, c’est pas des one woman band, des « j’ai juste one man army, mais elles ne sont pas toutes seules aussi, alors ça aide. Mais est-ce que c’est vraiment ça qu’on veut? Bref, je soulève la question. On se retrouve dans un prochain épisode.

Salut, moi c'est Julie Rochon!

Julie Rochon animatrice podcast Va te faire voir

J’utilise des stratégies d’affaires et de communications numériques pour aider les travailleurs autonomes, les PME et les OBNL à améliorer leur positionnement, leurs offres, l’efficacité et la rentabilité de leurs processus et leurs communications et visibilité sur le web et les réseaux sociaux.

Mes client.e.s sont motivé.e.s à avoir une entreprise et/ou des projets qui leur ressemble pour avoir plus de fun et attirer de meilleurs clients. Je travaille actuellement uniquement en 1-1 avec mes clients, donc mon approche et mes conseils sont toujours personnalisés. Je déteste les formules toutes faites qui vendent du rêve.

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